Anne de Champagne : l’atelier, le spectre, le ciel

Une licorne rouge comme emblème, des mots tracés à la main : l’atelier d’artiste s’affirme comme un repère de création et de partage, ouvert à tous les curieux.

L’atelier de la Licorne à Bouloire est une porte vers un monde que l’on aimerait retenir. Ce jour-là, les volets verts de la façade scintillent sous un ciel doux, tandis que les toiles exposées derrière les vitres invitent à s’approcher, à respirer, à rêver. Anne de Champagne s’y présente comme peintre, plasticienne, mais aussi conteuse, comédienne de sa propre œuvre.

Photo des oeuvres présentées

Origines et regard

Née Anne Fierobe, Anne de Champagne a étudié la littérature allemande à l’Université de Reims. Son parcours est façonné autant par la peinture que par la parole, ce qui la conduit non seulement à peindre, mais à construire des spectacles, des histoires – des « mises en scène » de sa peinture.

Elle vit et travaille aujourd’hui à Bouloire, où son atelier s’appelle Atelier de la Licorne. C’est là qu’elle crée, expose, accueille ceux qui veulent entrer dans son univers. Vous l’avez photographié : le vert éclatant des encadrements, les œuvres qui s’offrent au passant, le rouge licornesque qui surplombe l’entrée – tout cela signe un lieu vivant, où la création est une fête partagée, visible.

Œuvres et expositions notables

  • Quand le ciel nous tombe sur la tête : c’est le nom d’une exposition qu’elle a présentée à Bouloire, mêlant images, peintures, photos peintes.
  • Pérégrinations en Bizardie : un spectacle qu’elle a écrit, mis en scène et interprète, en dialogue avec ses tableaux. Lors de certains événements, elle expose ses œuvres en même temps qu’elle joue des extraits de ce spectacle. On voit là son désir de donner de la voix à la peinture, de faire résonner ses palettes, ses formes, ses couleurs, dans l’espace du théâtre ou du lieu public.
  • Hommes, visages, regards scintillants : parmi ses thèmes récurrents, Anne de Champagne peint une humanité tranquille, pleine d’enthousiasme, de lumière.
Sous le ciel de Bouloire, l’Atelier de la Licorne arbore ses volets verts et ses œuvres visibles depuis la rue, véritable invitation à entrer dans l’univers d’Anne de Champagne.

L’expérience de l’atelier aujourd’hui

Passer devant l’Atelier de la Licorne, c’est ressentir la curiosité. Les photos que vous avez jointes montrent une façade qui attire l’œil comme un appel : les grandes fenêtres laissent voir des tableaux posés, suspendus, des couleurs qui jouent avec les ombres du pavé. Entrer, si l’on peut, c’est pénétrer un temple de la création intime : un lieu où l’artiste travaille, expose, partage.

C’est là – dans ce verbe “partager” – que se trouve la plus grande empreinte laissée dans la culture française : non seulement celle des tableaux que l’on voit, mais celle de la conversation, de la présence. Anne de Champagne invite à regarder, à écouter, à comprendre ce que c’est que peindre, raconter, incarner.

Théâtre et polymorphie de la création

Anne de Champagne n’est pas seulement peintre : elle est également femme de scène. Artiste pétillante installée depuis deux ans à Bouloire, elle s’est lancée dans un spectacle « seule en scène » très original, intitulé Pérégrinations en Bizardie. Dans cette création, l’artiste fait dialoguer ses toiles avec le théâtre, donnant une voix à la peinture, une présence au geste créatif. L’art visuel devient récit, incarnation, prolongement de son univers pictural.

Ce goût du mélange entre disciplines se retrouve aussi dans d’autres projets. Son exposition « Femmes de Lettres », présentée à Saint-Calais, rend hommage aux femmes de l’écrit : écrivaines, journalistes, exploratrices, anonymes ou célèbres. Longtemps cantonnées aux rôles muets ou décoratifs dans la peinture, Anne choisit de les montrer actives, lisant, écrivant, pensant. De la salle d’archives au bistrot de quartier, du stylo à l’ordinateur, ses tableaux célèbrent ces femmes qui se battent pour l’instruction, la transmission et la création.

Artiste enragée et engagée pour la culture et l’humanité sous toutes ses formes, comme elle aime se décrire, Anne de Champagne a même imaginé son propre musée, le Palais des Hommages (ou Musée du 11). Dotée d’une étonnante capacité de création polymorphe, elle peut concevoir une exposition « clé en main », du minuscule au monumental, mêlant peinture, textes et scénographie, toujours au service d’un art porteur de joie, d’espoir et de courage.

Voyage en art

Au centre culturel de Bouloire, sept artistes vous proposent un Voyage en art. Pascale Bertrand, Christine Bezard-Turlier, Anne de Champagne, Carole Duval, Jean-Paul Hébert, Michel et Patricia Valade exposeront leurs dernières créations. Chaque artiste vous invitera à découvrir et à voyager dans son univers, comme une traversée sensible entre paysages, visages et imaginaires.

Cet événement témoigne aussi de la vivacité des artistes de la région, qui, par leur présence et leur engagement, animent et font valoir l’art et la culture au cœur même du territoire rural. Dans un temps où l’on croit souvent que la création se concentre dans les grandes villes, ces rendez-vous rappellent combien les campagnes savent, elles aussi, nourrir l’inspiration et offrir au public une expérience artistique authentique et vivante.

À Bouloire, l’art voyage et se partage : sept artistes, dont Anne de Champagne, réunis au Théâtre Epidaure en septembre 2025, pour un dialogue de couleurs et de matières.

Anne de Champagne est une voix — douce mais présente — dans le chœur des artistes contemporains.

Par ses expositions comme Quand le ciel nous tombe sur la tête, par son spectacle Pérégrinations en Bizardie, elle tisse un pont entre le visuel et le verbal, entre l’intime et le public. Son atelier à Bouloire est une halte, un refuge, un lieu où l’art ne reste pas silencieux.

À travers des initiatives comme Voyage en art, c’est toute une dynamique régionale qui s’exprime : celle d’artistes passionnés qui insufflent vie et culture au cœur du territoire rural. Ils rappellent que l’art ne connaît pas de frontières, et que les petites villes, les villages, peuvent devenir des phares lumineux de créativité et de partage.

Si ce portrait vous a touché, nous vous invitons à parcourir un autre article de partageos.info, par exemple celui consacré à Albert Maignan : l’éclat d’un peintre entre histoire, critique sociale et vision universelle, ou bien Plongée dans l’univers vibrant de MARZEL pour continuer à rêver, découvrir, et mesurer l’empreinte durable de la culture française.

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