
Hier, j’ai découvert une nouveauté qui nous invite à nous retrouver tous au bord de la télévision, comme autrefois autour du feu ou du vieux poste de radio. Ce moment, fragile et précieux, nous reliait soudain : chacun, seul dans son salon, mais ensemble dans la mémoire d’un artiste.
Hier, j’ai regardé « Une journée avec Jacques Brel ».
Et ce fut bien plus qu’une émission : une traversée.

L’intensité d’un fil invisible
Entre l’ivresse maritime d’« Amsterdam », où les marins se noient dans le vin et les tempêtes des ports, et la délicate offrande de « Je vous ai apporté des bonbons », nous pouvions sentir un fil invisible. Un fil qui relie la fougue à la tendresse, le vacarme à l’intime, l’éclat à la pudeur.
Brel savait cela : basculer du cri au murmure, de l’excès au silence.
Et les spectateurs d’hier, qu’ils aient 15 ou 95 ans, étaient suspendus à cette vérité qui ne vieillit pas — une vérité d’émotion pure, sans âge et sans frontière.
Au-delà de ce fil tendu entre deux chansons, il y avait un moment retrouvé, un instant rare où le monde se rassemblait.
Ce moment qui nous unissait lorsque, à la même heure, nous regardions le même programme : un instant unique où chacun ressentait les mêmes frissons de vie, les mêmes frissons d’amour.
Ces minutes partagées faisaient naître une fraternité invisible qui dés le lendemain, unissaient des millions d’êtres humains, qui exprimaient cette beauté ressentie.
Un monde que l’on croyait perdu — celui de l’écoute commune, de l’émotion collective — mais qui renaît parfois, autour d’un événement, d’une exposition, d’un concert, ou d’un simple souvenir qui nous rassemble.

23h23 Bruxelles – 23h24 Charlie Winston
À 23h23, Bruxelles brillait. La ville natale de Brel, comme un rappel discret des racines.
À 23h24, Charlie Winston parlait d’« Au suivant », de ce mélange de beau et de moche, de cette énergie habitée qui ne triche pas. Une vérité brute, qui parle autant aux jeunes d’aujourd’hui qu’aux anciens d’hier : la sincérité traverse les époques.
Sur l’écran, Roubaix apparaissait un instant, puis tout disparaissait devant ce formidable artiste qu’était Brel.
Que reste-t-il de tant d’amour ?
Alors la question s’est imposée :
que reste-t-il de tant d’amour, de tant de force, de tant de tempêtes ?
Et la réponse coulait de ses chansons :
« Mon amour, mon doux, mon tendre amour, la vie… je t’aime encore tu sais… »
« J’ai envie qu’on m’aime bien, j’ai envie de bien les aimer… »
Car une chanson n’est pas faite pour être juste fredonnée. Elle est faite pour être racontée avec le corps et les tripes. Et c’est cela qui, cinquante ans plus tard, touche encore nos cœurs.
Avec ces gens-là
Grâce à lui, nous avons pensé ensemble. Nous avons vu la même chose.
Même qu’avec ces gens-là, nous avons triché, nous avons bu la soupe, et partagé la même vieille histoire.
Et dans ce partage, il n’y avait plus de générations.
Seulement une humanité commune, fragile et tenace.
L’hiver glacial et la fenêtre ouverte
Hier soir, le contraste était violent : le froid d’un hiver glacial, et ce feu intérieur qu’allumait chaque chanson.
Brel ouvrait les fenêtres.
Dans ses mots, dans sa musique, c’était tout l’humain qui revenait se réchauffer.
Et soudain, jeunes et anciens, nous étions ensemble, autour de cette même braise.
Quand on n’a que l’amour
Car au fond, « quand on n’a que l’amour », pour nulle autre richesse, nous avons tout.
L’impossible rêve serait que chacun puisse aimer — même trop, même mal — et être à l’abri.
C’est notre quête, encore et encore :
se damner pour un mot d’amour.
Et dans ce combat tendre, il n’y a pas d’âge.
Une heure seulement
C’est toujours dur d’arrêter une chanson, toujours dur d’arrêter de penser à vous. Mais l’heure est venue de se dire au revoir.
Alors fêtons-les encore :
la Fanette et les vagues,
les Bourgeois et les cochons,
Vesoul et sa folie,
et la soul qui résonne jusque dans nos cœurs.
De 10 à 15 ans, nous rêvons.
Et le reste de la vie, nous passons notre temps à mettre en lumière ces rêves.
Alors pourvu qu’il y ait des jeunes, de 10 à 15 ans, qui aient vu, une heure, une heure seulement, ce Brel-là, tellement vivant.
Ultime refrain – demain
Tout seul, au fond de notre lit, être une heure beau et con à la fois pour conquérir les moulins, c’était déjà bien.
C’était hier.
Et maintenant c’est demain.
Et demain, tout ira bien,
grâce à Adèle & Robin, « si tu fais maintenant ce que tu pensais faire demain », parce qu’une chanson, comme la vie, ne s’arrête jamais :
elle voyage de génération en génération,
et devient notre promesse commune.
L’authenticité profonde
Et au bout du chemin, ce que nous laisse Brel, ce n’est pas seulement un répertoire :
c’est une authenticité profonde, celle qui fait battre le cœur de chacun d’entre nous.
C’est un envol à travers un monde prometteur, un monde qui nous attend pour l’embellir, ensemble.
C’est notre amour, notre merveilleux amour, celui que nous devons avoir comme unique raison, comme unique partage.
Et dans ce prolongement, il y a l’essence même de Partageos :
ces acteurs passionnés,
ces bénévoles infatigables,
ces associations qui tissent des liens,
et tous ces milieux professionnels, créatifs, techniques ou solidaires,
qui unissent leurs talents pour faire vivre chaque jour Partageos.com —
cet espace où l’art, la culture et l’humain avancent main dans la main.
Car quand on n’a que l’amour pour construire et transmettre,
alors, oui, c’est le monde entier qui résonne.
✨ Pour prolonger cette rêverie, découvrez aussi « Les Encres Invisibles »,
une autre traversée de la mémoire et du cœur, à lire comme on écoute une chanson.
