Une analogie à la peinture et au choix des scènes

Dans l’univers de la création littéraire, chaque écrivain fait face à une série de choix cruciaux lorsqu’il s’agit d’organiser son récit. Parmi ces décisions, le découpage en chapitres et l’attribution de titres à ces derniers jouent un rôle essentiel. Ces choix, souvent invisibles pour le lecteur immergé dans l’histoire, sont le fruit d’un travail minutieux, où l’intuition côtoie la technique. Pour comprendre ce processus, une analogie avec la peinture et le choix des scènes s’impose naturellement, tant les points communs entre ces deux formes d’art sont nombreux.

Première page de la couverture des livraisons 1 et 2 de l'édition Jules Rouff et Cie des Misérables
Première page de la couverture des livraisons 1 et 2 de l’édition Jules Rouff et Cie des Misérables

Le chapitre : une scène narrative

Dans un roman, chaque chapitre est une unité narrative, semblable à une scène dans une peinture. Imaginez un peintre devant sa toile vierge : il ne peut pas tout représenter en un seul tableau. Il doit choisir un moment précis, un angle, une lumière, une émotion. De la même manière, un écrivain découpe son récit en chapitres pour capturer les instants clés de l’histoire, en mettant en avant des personnages, des conflits ou des révélations.

Un chapitre n’existe pas seulement pour des raisons pratiques. Certes, il rythme la lecture et offre des pauses aux lecteurs, mais il sert avant tout à structurer l’histoire et à maintenir une tension narrative. Certains écrivains suivent des schémas préétablis, comme un peintre classique respectant les proportions académiques. D’autres, plus expérimentaux, brisent les codes, à l’image des impressionnistes ou des surréalistes, proposant des chapitres courts ou éclatés, voire sans chapitres du tout.

Le choix des titres : un jeu d’ombres et de lumière

Attribuer un titre à un chapitre est une décision tout aussi délicate que choisir un sujet pour une toile. Un titre peut guider le lecteur, éveiller sa curiosité ou introduire une réflexion. À l’image des noms donnés aux tableaux célèbres – pensons à La Nuit étoilée de Van Gogh ou à La Jeune Fille à la perle de Vermeer – un titre de chapitre doit capturer l’essence de son contenu, tout en laissant suffisamment de mystère pour inciter à poursuivre.

Certains écrivains optent pour des titres évocateurs et poétiques, à la manière d’un peintre qui joue avec les symboles et les métaphores. D’autres préfèrent des titres sobres et descriptifs, offrant un point d’ancrage clair au lecteur, comme le ferait un peintre réaliste. Il existe également ceux qui laissent leurs chapitres sans titre, permettant à l’imagination du lecteur de circuler librement, comme un tableau abstrait qui laisse place à l’interprétation.

Le fil conducteur : une composition globale

Pour l’écrivain comme pour le peintre, l’art de choisir les chapitres ou les scènes ne réside pas uniquement dans l’instant, mais dans la cohérence de l’ensemble. Une toile de maître ne se limite pas à un élément central : chaque coup de pinceau, chaque teinte contribue à l’harmonie globale. De même, chaque chapitre doit s’inscrire dans le fil narratif et servir l’histoire dans son entier.

Certains écrivains élaborent des plans détaillés, tels des esquisses préliminaires. Ils définissent à l’avance le nombre de chapitres et leur contenu, comme un peintre qui compose une fresque en travaillant par étapes. D’autres se laissent porter par leur plume, découvrant le découpage au fur et à mesure, un peu comme un peintre en plein air qui s’adapte à la lumière changeante.

Des choix personnels, mais universels

Le choix des chapitres et des titres reste profondément personnel. Il reflète le style de l’auteur, sa vision du récit et sa manière d’interagir avec son lecteur. Tout comme chaque peintre a son pinceau préféré et sa palette de couleurs unique, chaque écrivain développe ses propres techniques pour découper et nommer son histoire.

Ainsi, que vous soyez peintre ou écrivain, la clé réside dans l’intention. Chaque chapitre ou scène doit raconter quelque chose de significatif, capturer un moment d’humanité ou une vérité universelle. Et dans ce processus, une simple question demeure : qu’est-ce qui mérite d’être vu, lu ou ressenti ?

Sur partageos.com, réseau social dédié à la création culturelle et artistique, ces réflexions croisées entre littérature et peinture trouvent tout leur sens. Que vous soyez romancier en quête de structure ou artiste à la recherche d’inspiration, souvenez-vous que chaque choix, chaque titre, chaque scène est une invitation à partager un fragment d’univers avec ceux qui regarderont ou liront. Alors, qu’attendez-vous pour créer ?

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Un titre emblématique des Misérables est « Une tempête sous un crâne ».

Ce titre correspond à un moment crucial dans le récit : le dilemme moral et existentiel de Jean Valjean.

Après avoir reconstruit sa vie en tant que Monsieur Madeleine, maire respecté et industriel prospère, il apprend qu’un homme innocent, Champmathieu, a été arrêté et risque d’être condamné à sa place pour les crimes qu’il a commis lorsqu’il était forçat. Ce chapitre plonge dans la lutte intérieure de Valjean, tiraillé entre son désir de préserver sa nouvelle vie et son devoir moral de se rendre pour sauver un innocent.

La « tempête » évoque le tumulte émotionnel et intellectuel qui agite Valjean, un conflit dévastateur entre l’égoïsme et l’altruisme. Le « crâne », quant à lui, symbolise le lieu de cette bataille intérieure : l’esprit humain. Victor Hugo utilise ici une métaphore puissante pour montrer que les dilemmes moraux sont aussi intenses et destructeurs qu’une véritable tempête.

Ce titre illustre parfaitement le génie de Victor Hugo dans l’attribution de noms à ses chapitres.

Il ne se contente pas de décrire une action, mais il transmet une ambiance, une intensité psychologique et une réflexion sur des thèmes universels comme la rédemption et le sacrifice. Ce moment clé marque un tournant dans le récit : Valjean décide finalement de faire face à son passé, montrant que la vraie grandeur réside dans le courage moral.

Ce type de titre, à la fois poétique et évocateur, montre comment Victor Hugo structure son œuvre en mettant en lumière les thèmes majeurs tout en captivant le lecteur.

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